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Prevention du saturnisme

 
 

Le terme « saturnisme » est l’appellation générale des affections provoquées par la présence de plomb
dans l’organisme.
 
Le plomb est connu comme étant toxique pour l’homme depuis l’Antiquité et il est à l’origine de la
première maladie professionnelle reconnue en France. Le plomb pénètre dans le corps par voie
digestive, respiratoires (vapeurs) et probablement percutanée. Il va se fixer dans les os, ainsi que dans
le foie, les reins et le cerveau.
 
En dehors des signes d’intoxication aigue, peu fréquente, se traduisant essentiellement par des
douleurs abdominales – les « coliques de plomb » –, et des manifestations neurologiques de
l’intoxication chronique (paralysies, encéphalites), le plomb peut être à l’origine de nombreuses
affections qui ne lui sont pas souvent rattachées :anémie, troubles digestifs variés, hypertension,
troubles neurologiques (troubles de la mémoire, du sommeil, de la concentration, neuropathies
(faiblesse des muscles extenseurs de la main, en particulier).
 
L’intoxication par le plomb était essentiellement industrielle, mais les mesures de prévention ont
considérablement atténué les effets de ce métal ou de ses dérivés. L’intoxication domestique reste
présente, essentiellement dans l’habitat ancien avec une alimentation en eau par canalisations en
plomb, ou revêtements par peinture contenant du plomb (blanc de céruse,...). La consommation
fréquente de gibier d’eau peut également être une source de contamination.
 
 
Dans la pratique du tir sportif, le risque n’est pas négligeable :
Les premiers concernés sont les tireurs aux Armes Anciennes et tous ceux qui fondent leurs
balles, souvent dans conditions de ventilation peu efficaces. La manipulation manuelle répétée
des projectiles et le contact avec la bouche (les fumeurs sont particulièrement exposés) est
également une source potentielle de contamination. Le risque est moindre, mais non inexistant
lors des tirs, dépendant de la ventilation du stand et du nombre de tireurs.
 
Il est essentiel, lorsque l’on chauffe du plomb, de le faire dans des conditions de ventilation
optimales, de préférence à l’air libre, et de porter un masque avec une cartouche filtrante
adaptée. Une excellente hygiène cutanée, des mainsen particulier, est impérative.
 
Le risque est également présent pour le tir à 10M, où tous les projectiles sont manipulés et
peuvent laisser des dépôts sur les doigts. Il faut impérativement éviter de manger pendant ou
après une séance de tir si l’on n’a pas effectué un nettoyage soigneux des mains (l’utilisation
de lingettes adaptées reste possible). L’éducation dans ce sens des enfants dans les Ecoles de
Tir est essentielle.
 
Les tireurs qui utilisent exclusivement des balles chemisées ne sont en principe pas exposés (la poudre
et les amorces ne contiennent pas de plomb), mais cela dépend l’occupation simultanée du stand par
plusieurs disciplines.
 
Dans tous les cas, lorsqu’un tireur se plaint de troubles médicaux dont la nature n’est pas évidente,il
doit parler de ses pratiques sportives avec son médecin et éventuellement lui demander de faire
pratiquer le dosage du plomb dans le sang ou les urines, qui est le seul moyen de dépister une
intoxication latente.
 
En résumé, les tireurs ne sont pas à l’abri du saturnisme. La prise en considération du risque, le respect
des bonnes pratiques et une hygiène rigoureuse sont les meilleurs moyens de s’en prévenir.
 
Docteur Patrick Pin
Médecin fédéral
 
 

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